Essai – Scott Strike eRIDE 910

Présenté à mi-chemin entre le Scott Spark eRIDE et le Scott Genius eRIDE, le Scott Strike eRIDE endosse donc la responsabilité de combler l’écart de débattement qu’il y a entre les deux.

La marque suisse annonce aussi, via la description du modèle sur son site, avoir retravaillé la position, en montée et en descente, vis-à-vis des ses deux aînés.

Mais alors qu’en est-il dans la pratique ? Correspond-il a la description que Scott en fait !? Ne comble-t-il qu’un écart de débattement au sein de la gamme Scott ? A quoi se destine vraiment ce Scott Strike eRIDE ? Et pour qui est-il finalement conçu !? Le verdict de l’essai VTTAE.fr nous éclaire…

 


Temps de lecture estimé : 9 minutes


 

Au sommaire de cet article :

 

[divider]Scott Strike eRIDE 910[/divider]

[column size=one_half position=first ]

  • Destiné à l’usage Trail/All Mountain
  • Roues en 29 pouces 
  • 140/140mm, Fox 34 Perf. + Nude Evol
  • Triangle avant et arrière alu
  • Reach de 450mm en taille L, offset normal
  • Moteur Bosch Perf. CX, batterie 500Wh
  • 35km/1200m D+ env. E-MTB/I2 perso

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[column size=one_half position=last ]

  • Syncros X-30S, Alu 30mm
  • Maxxis Rekon 29×2.6
  • Shimano Zee, en 203/180mm
  • 3 modèles, 4 tailles, 4299 à 5999
  • Annoncé à 23,7kg, sans pédales, tubless
  • Dispo immédiate 
  • Fiche du vélo sur www.scott-sports.com

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Premières impressions…

[dropcap size=big]A[/dropcap] première vue, quelques indices nous indiquent l’orientation que prend ce Scott Strike eRIDE :

 

Comme Antoine, lors de l’essai du Rose Elec Tec FS, le premier mot que j’ai noté dans mon calepin est : “randonneur“. Ces quelques fonctions pour se faciliter la vie et à portée de main me laissent penser à une volonté bien affirmée : celle d’être pratique, confortable et surtout facile !

Puis, les premiers tours de roues au guidon du Scott Strike eRIDE confirment la description. La position est effectivement droite, pour pédaler facilement et aisément ! Si on ne s’attarde pas trop sur le positionnement et l’accessibilité à tous les shifters disponibles à gauche du guidon, on le prend rapidement en main.

En revanche, il n’est pas facile de lever l’avant du vélo ou de faire un bunny-up avec, surtout si on se fait surprendre par un arbre couché au milieu du chemin ! En fait, à travers ce Scott Strike eRIDE, je vois une berline, bourrée d’options, au confort adéquat, sans nécessairement être vive ou même nerveuse ! Mais alors pourquoi est-il ainsi ?

 

 

D’où ça vient ?

Scott l’annonçait : ils ont raccourci le reach/augmenté le stack, puis allongé les bases par rapport aux Spark eRIDE et Genius eRIDE. Quelles sont alors les incidences sur le comportement du vélo ? Qu’en est-il de la position assise ? Pourquoi donc peine-t-il à être vif ?

En premier, ils redressent la position. On est moins plié ou couché sur le Scott Strike eRIDE qu’à l’accoutumée. Il gagne donc en confort et en facilité de prise en main. Puis, en allongeant les bases, le Scott Strike eRIDE gagne en stabilité mais perd forcément en dynamisme. Ses bases très longues, anéantissent sa vivacité et la sensation de légèreté du train arrière que peuvent parfois procurer des bases plus courtes. Tirer un bunny-up devient alors un véritable défi, surtout lorsque ça doit être un réflexe ! Voilà pourquoi il montre quelques difficultés lorsqu’on veut jouer avec !

Mais, par la même occasion, il gagne encore en facilité, notamment dans les “coups de cul”, où ses bases longues lui évitent de cabrer à tout va. C’est à double tranchant, mais tout cela confirme ainsi mes premiers ressentis ! Le Scott Strike eRIDE donne le ton, et nous laisse déjà entrevoir à quoi il se destine…

 

 

Comment ça se règle ?!

Dès que j’ai préparé et réglé le Scott Strike eRIDE avec mes/nos réglages de référence pour partir l’essayer la première fois, la tige de selle limite mon réglage. Avec un entrejambe de 84cm pour 1m81, je n’ai pas réussi à obtenir mes 76 à 77cm 75 à 76cm de hauteur de selle que j’utilise habituellement. L’insertion minimale avec la selle d’origine impose une hauteur de selle minimale d’environ 77,5cm depuis l’axe de pédalier. Un cadre en taille L qui ne convient donc pas à tous le monde ! A savoir.

 

Par ailleurs, ses suspensions très souples accentuent l’effet confort. On sent peu de soutien hydraulique… 140mm de débattement, que l’on exploite facilement. Elles oscillent généreusement ! Il est donc préférable de fermer suffisamment la détente de la suspension arrière notamment pour éviter qu’elle n’oscille trop, voir rebondisse !

RéglagesAvantArrière
SAG20 à 25%30%
Détente1/3 ouverte1/3 ouverte
Compressions3/4 à 1/2 ouverteN/A
Tokens/calesd'origined'origine
MotorisationToutes configurations possiblesMode eMTB principalement

Mais la précision n’est pas de rigueur ici. On n’est pas à un clic près. A la louche ! Une facilité de réglage qui convient à certains… Et il en va de même avec le SAG : autour des 30%, à quelques pourcents près !

Cependant, chercher à affermir le tout, en jouant des molettes de compressions, ne semble pas convenir au Scott Strike eRIDE. C’est en le faisant qu’on se rend compte de l’orientation que veut prendre cette monture ! Et dans quelle mesure il faut exploiter son potentiel…

 

 

Comment ça se pilote ?

C’est en gardant un poil de souplesse que les suspensions collent le mieux au comportement et au tempérament du Scott Strike eRIDE. Reste à savoir maintenant comment faire pour en tirer profit…

[toggler title=”Au pédalage” ]

Les bases longues du Scott Strike eRIDE, lui évitent de cabrer soudainement dans les coups de cul, même à pleine puissance. Il assure une motricité permanente. Pas besoin de se coucher, nez sur la potence ! Finalement, il ne demande pas d’effort particulier pour tirer profit des capacités du moteur Bosch.

Le Scott Strike eRIDE offre aussi l’accès au TwinLoc, cher à Scott ! Le système permet de jouer entre 3 positions qui influencent la géométrie et les suspensions avant et arrière simultanément :

  • Descente : le débattement maximal est disponible, la géométrie n’est pas modifiée
  • Traction Control : le débattement est limité à 80% de son maximum, la géométrie varie légèrement : le boitier s’affaisse légèrement, de 5mm, et les angles se ferme d’un poil : 0,2 à 0,4°
  • Lockout : les suspensions sont bloquées et la géométrie s’adapte comme pour le mode Traction Control

A l’usage, la modification de la géométrie est légèrement perceptible dans la position. Mais est-elle finalement utile ? S’avère-t-elle plus efficace au pédalage ? Bien qu’infime, elle est certes perceptible, mais l’est beaucoup moins dans l’efficacité du geste en mode Traction Control. En fait, cette dernière n’apporte aucun avantage flagrant pour pouvoir se vanter d’améliorer l’efficacité au pédalage ! Elle peut cependant s’avérer utile dans des faux plats descendants, quand le chemin reste peu défoncé, lorsqu’il y a des mouvements de terrain, que l’on cherche à conserver sa vitesse ou à en gagner !

Par contre, au pédalage, lorsque le sol est très lisse, ou sur la route, l’usage du Lockout permet d’éviter à la suspension arrière de pomper. On gagne cette fois en efficacité ! Il n’y a pas de quoi s’en priver !

 

[/toggler]

[toggler title=”Sur l’élan” ]

En effet, le Scott Strike eRIDE doit se piloter sur l’élan. Il faut conserver la vitesse dans chaque passage sans chercher à relancer à tout va et à jouer du mode Turbo à tire-larigot, à chaque sortie de virage !

Il n’a pas une inertie très marquée et dérangeante malgré son poids élevé. Mais bien qu’il ne soit pas taillé pour aller vite, ses bases longues lui confèrent une bonne stabilité une fois lancé. 

Tant que l’on ne cherche pas à attaquer là où il ne le permet pas, on reste serein à son guidon malgré la vitesse. Sinon, il faut serrer les dents et le guidon ! Alors, autant en profiter, conserver cette vitesse et rouler sur l’élan tranquillement !

 

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[toggler title=”Quand ça tourne” ]

Aussi, ses bases longues lui procurent une facilité déconcertante pour tourner à plat. C’est là où il tourne le mieux ! On regarde donc loin, on appuie sur la pédale extérieure et encore une fois, on laisse aller !

Lorsque c’est plus serré, plus étriqué, c’est un autre paire de manche. Soit il faut aller chercher l’appui s’il y en a un, soit il faut s’appliquer pour le faire tourner tant il est long, stable mais pas forcément maniable.

De plus, si le passage technique est défoncé, ça se corse encore plus. Ses suspensions travaillent facilement et peuvent donc déstabiliser ceux qui voudront attaquer avec ! Dans ce cas, le laisser vivre est la meilleure option ! Reste à ajuster de temps en temps sa ligne, son assiette, la direction qu’il prend… Bref, tant que ça roule, laissons faire !

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Pour qui, pour quoi faire ?

En effet, lorsqu’on veut jouer avec le Scott Strike eRIDE, sauter, tirer sur le guidon, virevolter d’un virage à l’autre, il ne répond plus ! Il rechigne à la tâche même ! Il n’est clairement pas fait pour ça ! Les bases très longues donnent du fil à retordre à ceux qui voudraient l’utiliser comme une boule de nerf, comme un vélo dynamique, explosif et nerveux !

En fait, le Scott Strike eRIDE se cantonne franchement à ce que la vidéo de présentation laisse transparaître. Autant dans le rythme, le tempo et l’ambiance que le type de chemin et le pilotage requis que l’on y retrouve… Rien de trop difficile ! On se promène, on prend l’air, on profite du paysage… On se laisse porter, on le laisse filer, on laisse vivre !

Au delà, dans la pente, les épingles, les passages techniques, les endroits défoncés, même en montée, si on vise la performance, l’efficacité, la vitesse, le chrono ou l’atteinte de ses propres limites, il n’est plus dans son milieu. Il n’est pas l’outil adéquat… Dans ce cas, il y a certainement plus adapté, comme le Spark eRIDE ou le Genius eRIDE !

 

 

Vis-à-vis de la concurrence ?!

Mais alors que vaut-il face à la concurrence ? Face à des prétendants pour des pratiques similaires, qu’en est-il ?

  • vis-à-vis du Rose Elec Tec FS, le Scott Strike eRIDE s’en distingue fortement par son tempérament sur l’angle ou lorsque ça va vite. Face à l’Allemand, le Scott est capable de mieux accélérer, de se stabiliser plus facilement ou de tourner à plat plus aisément. Ils restent cependant deux vélos de randonnée, pour se promener loin de toute idée de performance !
  • vis-à-vis du Haibike XDURO AllMtn 9.0, le Scott Strike eRIDE s’en distingue par une inertie peu dérangeante quand celle du Haibike empêche de piloter sereinement. Le Haibike tend aussi à aller vite mais se voit finalement limité et rappelé à l’ordre par le grip et la confiance qu”il ne procure pas. Les deux se cantonnent alors à se promener mais le bon  équilibre général du Scott font pencher la balance en sa faveur !

Et face à nos VTTAE référence du moment, ou de bonne construction, que vaut-il ?

  • vis-à-vis du Thok MIG-R, le Scott Strike eRIDE ne joue clairement pas dans la même cour de récréation ! Quand lIitalien se permet un rapprochement avec le comportement d’un VTT, c’est-à-dire vif, équilibré et coulé, le Suisse reste un VTTAE qu’on peine parfois à décoller du sol ou à faire tourner…
  • vis-à-vis du Rotwild R.X, le Scott Strike eRIDE partage avec lui cette souplesse de suspension et le confort qui en découle mais pour une même efficacité au pédalage, le Scott Strike eRIDE montre un comportement limitant en descente par rapport à l’Allemand.

 

 

En conclusion

Vient le moment de conclure. Le Scott Strike eRIDE colle-t-il donc à la description de la marque ? Et pourquoi faire voudrais-je le garder ?

C’est une prouesse tant il colle à la description qu’en fait Scott. Le Scott Strike eRIDE vient segmenter la gamme pour démocratiser et adapter le VTTAE à un public moins pointu que les pratiquants assidus, réguliers et expérimentés du milieu. Et même si, à l’usage, pour moi, certaines fonctions qu’il propose me paraissent futiles, ou si au moins l’intégration au guidon était réussie, le Scott Strike eRIDE offre le confort et surtout la facilité nécessaire pour réussir ses promenades, qu’un bon père de famille a besoin avant de retourner aux fourneaux…

 

 

Positionnement & usage

En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraîchir la page si le tableau ne s’affiche pas)

Comparer à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > que vaut-il par rapport à d’autres ?! Rendez-vous prochainement sur la page du Comparateur d’essais VTTAE.fr pour en savoir plus…

  1. Toujours autant étonné de voir du 29″ sur un VTTAE, quel gâchis! Les vélos ont besoin d’avantage d’être joueur (avec leur poids et le manque de dynamisme) et ce vélo démontre encore une fois que cela n’a pas l’air le cas. Je possède un e-crafty et nul besoin de bases longues pour avoir de la stabilité en monté !
    Ensuite je suis très surpris, 84cm entre-jambes tout comme moi et je règle ma selle à 74 cm selon les calculs ! Alors 76-77, ça doit rouler sur la pointe des orteils 🙂

  2. Meme réflexion que moi, je suis surpris par ces 77 cm de hauteur de selle, j ai aussi un entre-jambes de 84 et je regle ma selle a 74 cm en pedales plates, en auto je mets un peu plus , 5 mn, de part la presence d’un talon virtuel sur les chaussures.

    En tout cas c’est bien de la part de scott de faire des velos “normals” on n’est pas tous des compétiteurs .

    1. Effectivement, erreur de ma part. Je roule plutôt entre 75 et 76cm, en pédales plates et pas vraiment sur la pointe des pieds 😉 A entrejambe identique, la hauteur de selle varie aussi en fonction de la combinaison des angles de tube de selle et de l’angle réel boitier/selle (donc pas toujours comparable à vélos différents) et des morphologies/préférences. L’entrejambe reste une valeur indicative !

  3. Possesseur d’un Strike 730 de 2019, je peux dire que je suis à chaque sortie supris pour sa capacité à passer de partout avec un confort au top. Je suis un pratiquant et un descendeur plutôt engagé (ex posseur d’un Stumpjumper fsr 29 carbon), et même en montagne, je ne sens pas de limite particulière à ce vélo ! Bref, pas d’accord avec ce test pour la version en 27,5+ … Je viens d’essayer la version 2020 en 930 (29″) et ce n’est pas le même vélo ! Le 27,5+ de 2019 est bien meilleur (meilleur fourche, meilleur frein, plus confortable et surtout bien meilleur descendeur). Ceci reste mon opinion, mais elle pourra peut etre aider certains à choisir.

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