Essai – BMC Trailfox AMP

L’an passé à la même époque, nous bouclions la prise en main du BMC Trailfox AMP sur une bonne impression… Mais laissions plusieurs questions en suspend avec la promesse de s’y pencher plus longuement.

C’est désormais chose faite avec cet essai complet qui permet de mieux cerner les capacités du BMC Trailfox AMP, passé au crible de notre protocole d’essai VTTAE.fr. Le modèle Two plus précisément, “entrée de prix” qui nous donne l’opportunité de vérifier ce qui est commun à toute la gamme.

Un essai auquel s’ajoutent également quelques tours de roue avisés au guidon du BMC Speedfox AMP, petit frère All Mountain, vis-à-vis duquel, aussi, le BMC Trailfox doit trouver sa place. Alors, que vaut-il ? Réponse !

 


Temps de lecture estimé : 8 minutes


 

Au sommaire :

 

 

[divider]BMC Trailfox AMP Two[/divider]

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  • Destiné à l’usage All Mountain / Enduro
  • Roues en 27,5 pouces + 
  • 150/150mm, Fox Perf. Float Evol + 36 GRIP
  • Triangle avant carbone, arrière Alu
  • Reach de 460mm en taille L, offset normal
  • Motorisation Shimano Steps 8000, 500Wh
  • 40km & 1200m D+ env. Trail / i3 perso

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[column size=one_half position=last ]

  • DT Swiss H1700 35mm
  • Maxxis 27,5×2.8 Highroller II/Rekon SW
  • Magura MT 5 en 200/200mm
  • 3 modèles, 3 tailles, 6999€ à 10999€
  • 22,98kg, L, sans pédales, pneus tubeless
  • Dispo immédiate 
  • Fiche du vélo sur www.bmc-switzerland.com

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Première impression…

N’y allons pas par quatre chemins. À la première impression, le BMC Trailfox AMP paraît massif. C’est le mot. Dans ses lignes, que l’on a déjà eu l’occasion de présenter en long, large et travers… Comme dans son comportement, dans un premier temps.

J’entends par là : à basse vitesse. Tant que l’on progresse sous les 15km/h. Que ce soit sur un sentier escarpé qui mène au départ d’une descente toute aussi trialisante. Ou bien entre les arbres d’un bosquet où chacun a eu la bonne idée de pousser sur l’autre, ou presque.

“Massif, mais pas déplaisant pour autant…”

Le BMC Trailfox n’y est pas des plus agiles ou précis. Il faut s’employer pour le manœuvrer. Se déhancher pour le mettre sur l’angle et le faire virer. S’appliquer pour s’assurer que les roues passent là où l’on a décidé. Calculer pour placer la roue avant ici, la roue arrière là.

Le tableau n’est pas noir pour autant. Dans ces conditions, le BMC Trailfox a pour lui : l’excellente motricité à sa roue arrière qui ne zip jamais, une stabilité indéniable qui laisse le temps d’agir avant d’être désarçonné, et la souplesse du moteur Shimano qui ne surprend jamais.

 

 


Cinématique & Géo

Après moultes essais et recherches – à base d’étude des données de conception à ma disposition et de modification des réglages disponibles – je prête l’ensemble de ces premières impressions à deux sources majeures : la géométrie et la cinématique de suspension du BMC Trailfox AMP. Nous sommes donc bien au cœur de ce que la marque manipule au moment de la conception du vélo.

Certains disent qu’à 445mm, les bases du BMC Trailfox sont longues. Pas faux, mais on a vu pire. Ce sont plutôt les dimensions de l’avant du vélo qui attirent mon attention. 469mm de reach en taille L, 66° d’angle de direction, soit 791mm d’empattement avant sur un empattement total de 1238mm. Des proportions proches de VTT traditionnels résolument orientés race et réputés extrêmes. Quoi qu’il en soit, il prend de la place !

À l’arrière, je retrouve une des caractéristiques du système de suspension APS cher à la marque :  elle consomme peu de débattement pour amortir. Ça participait déjà à l’impression de stabilité d’assiette du modèle haut de gamme pris en main l’an passé. Et c’est cette qualité intrinsèque que l’on retrouve principalement d’un niveau de gamme à l’autre, plus que la performance de certains accessoires.  L’air de rien, il est très important d’en tenir compte à l’usage…

 

 


Comment ça se règle ?

En courbe, il ne faut pas compter sur un boitier de pédalier qui plonge sous l’appui pour faire virer le vélo. Non, ça confirme bien pourquoi il faut mettre le BMC Trailfox sur l’angle pour tourner. D’une manière générale, c’est aussi une caractéristique dont tenir compte pour régler le vélo.

La suspension arrière reste haut dans le débattement. Ça peut avoir pour effet de déporter le poids du pilote sur l’avant du vélo. Seulement si la suspension avant est elle-même mal réglée. Et d’autant plus puisque le poids de la batterie intégrée au tube oblique pèse sur l’avant du vélo, comme on le met de plus en plus en évidence au fur et à mesure de nos essais VTTAE.

Que faire ?! Différentes options : être généreux en pression, pour rouler à 25% de SAG maximun… Et/ou ajouter un token dans la fourche. Dans les deux cas, ajuster la détente en conséquence pour éviter les rebonds et vibrations demande un certain savoir faire. Possible, mais relativement fin. Pour ma part, j’ai préféré rouler à 25% de SAG légèrement passé, et positionner le réglage de compression sur Medium.

RéglagesAvantArrière
SAG25%32,5%
DétentesMilieu de plagemilieu de plage
Compressionsintermédiaireouverte
Tokens/calesd'origined'origine
MotorisationMode Trail intermédiaireMode Boost bas

Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon > vidéo Didactique VTTAE 😉

 


Comment ça se pilote ?!

En un mot, le BMC trailfox AMP se pilote vite ! S’il parait posé, presque pataud à basse vitesse, il se révèle dans la pente, et quand le rythme accélère. En clair, plus il y a de vitesse, plus les qualités de stabilité, d’assiette, et d’amortissement du vélo s’expriment.

C’est ainsi que je retrouve bien ce tempérament de vélo de descente dont je parlais lors de sa prise en main, en terrain montagnard. Laissons lui prendre de la vitesse, il sait qu’en faire, et comment préserver son pilote pour qu’il reste maître de la situation le moment venu !

Pour le mettre sur l’angle, le jeter dans un appui, tenir une longue courbe à plat pied sorti pour le style, s’affranchir d’un champs de racine ou minimiser les mouvements de terrain d’un enchaînement de dalles rocheuses… Le tout, en distinguant à chaque instant ce qu’apporte l’emprise de chaque roue au sol.

 

 


Pour qui ? Pour quoi faire ?

Il fallait donc passer par un essai plus complet, notamment pour faire usage du BMC Trailfox sur des terrains plus variés. C’est ainsi que je constate qu’à Verbier, dans les Alpes Suisses, le BMC Trailfox était véritablement dans son élément ! La montagne, la pente, les terrains chaotiques, les grands espaces…

Bref, tout ce qui constitue un important potentiel de vitesse ! Ceux qui veulent y progresser et/ou qui veulent un vélo pour s’y rassurer, savent sur qui compter. Le BMC Trailfox AMP n’est clairement pas un vélo qui simplifie la vie à basse vitesse. Il est fait, il s’exprime, on en tire parti au delà, quand on décide de franchir le cap.

 

 

Vis-à-vis de la concurrence…

Je tire ces propos de la double expérience – prise en main puis essai complet – vécue au guidon du BMC Trailfox AMP, mais aussi en mettant mes ressenti en persepctive vis-à-vis de ceux connus au guidon de certains concurrents.

Ainsi, je place le BMC Trailfox sur le même créneau que le Moustache Samedi 27 Race. Un ton au dessus même dans l’approche posée et patiente, tournée vers l’essentiel, qu’il faut avoir pour tirer parti du terrain. Le BMC Trailfox se distingue de manière évidente sur sa motorisation plus souple mais moins dynamique, et sur sa stabilité/motricité en côte au détriment de la maniabilité de son concurrent.

Nul doute aussi que l’on puisse le mettre en face des Haibike NDuro et Lapierre Overvolt Shimano AMi essayés il y a peu. Face au Lapierre notamment, où il y a match dans la capacité à encaisser les pires traitements. Un comparatif direct serait nécessaire pour en tirer de réelles conclusions. Pour l’heure, notons simplement que le BMC Trailfox AMP fonctionne visiblement sur le début du débattement là où le Lapierre Overvolt Shimano AMi fonctionne plus loin, plus bas, plus tassé.

 

 


Dans la gamme…

Ce constat d’un BMC Trailfox AMP très enclin à jouer de la vitesse et de la grosse action tombe bien… Ou plutôt s’appuie aussi sur l’opportunité d’avoir roulé son petit frère, le BMC Speedfox AMP, dont voici quelques détails intéressants…

Faire usage de l’un puis de l’autre sur le même terrain met en évidence la cohérence de la gamme. Intrinsèquement, le BMC Speedfox pédale mieux et s’avère plus précis dans le placement des roues à petits pneus.

Dans les sections sinueuses, il parait aussi plus maniable, direction plus vive. Peut tourner sans avoir à descendre sur l’angle. Assez logiquement, sa stabilité commence à faire défaut, et le vélo se met en travers plus facilement en rebondissant, là où le BMC Trailfox AMP commence à s’exprimer. 

 

 


Conclusion

Revenons donc au BMC Trailfox AMP à l’heure de conclure cet essai. Quelle impression me laisse-t-il au moment de m’en séparer ? Pourquoi voudrais-je le garder ?! 

“Sous ses faux airs de gros matou, le BMC Trailfox cache bien un tempérament de félin. Pas les petits, presque vicieux, qui se cachent dans les bois ou nous attendent perchés sur une branche. Non, les gros, les dominants, qui ne lèvent la patte que lorsque le jeu en vaut vraiment la chandelle. Et avec quelle puissance, quelle majesté, quelle maîtrise…”

Positionnement & usage

En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraîchir la page si le tableau ne s’affiche pas)

Comparer à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > que vaut-il par rapport à d’autres ?! Rendez-vous prochainement sur la page du Comparateur d’essais VTTAE.fr pour en savoir plus…

Rédacteur
  1. Magnifique c’est bel et bien sa seule qualité ! Pour le reste, on est plus proche d’un panzer dans le comportement que d’un VTT électrisé !
    Comme dit à réserver aux grands espaces montagnards et aux sentiers en pente bien larges et peu sinueux.

  2. J’ai la version Speedfox depuis un mois et j’en suis très satisfait. C’est mon premier VTTAE, donc je ne ferai aucune comparaison.
    Pour l’heure je ne regrette aucunement mon achat.

  3. Antoine, tu ne parles pas de l’assistance dans ton article, sur la qualité, les défauts, as tu re-paramétrer les modes (trail et boost), comparaison avec d’autres moteur et sur l’autonomie même si ce dernier sujet est complexe à évaluer. sinon article toujours aussi soigné et plaisant à lire. Merci à toi.

    1. Merci Christophe. C’est volontaire et ça répond à deux principes : positionner l’information à la bonne place et consacrer l’essentiel du message à ce qui fait véritablement l’identité propre du produit. En clair : il s’agit de l’essai BMC Trailfox AMP, pas de la motorisation Shimano. J’en conviens, nous avons sur les bras à produire un article qui parle plus précisément de cette dernière, et sur lequel nous pourrions nous appuyer. Ça vient 😉 Sur le BMC, la motorisation Shimano a le caractère usuel qu’on lui connait, mais ne s’avère pas être l’élément différencient ou prépondérant dans le comportement du vélo. la suspension arrière et la géométrie du vélo le sont bien plus. J’indique dans le tableau des réglages la manière avec laquelle j’ai re-paramétré les modes trail et boost. Plusieurs raisons à ça : ça confirme le caractère du vélo, ça traduit une certaine approche dans l’essai. Je peux éventuellement commenter ces choix si tu le souhaite ? Ce type de commentaires apparaitrons plus régulièrement au sein de l’article lorsque le nombre de vélos passé à l’essai suivant notre protocole sera suffisant pour tirer des conclusions plus poussées. J’anticipe pour la suite 😉 Pour l’heure, j’aurai simplement pu expliciter qu’à mon sens, le BMC Trailfox AMP a pour lui de permettre d’utiliser n’importe quel mode de sa motorisation, même les plus extrêmes, au contraire d’autres vélos plus sensibles, ou au caractère plus changeant d’une option à l’autre.

      1. Bonjour Antoine, merci pour ton retour. En effet je comprend bien le sens de ton analyse de séparer la partie cycle du moteur. Ceci dit sur un VAE l’un ne va pas sans l’autre et là ça commence à devenir intérressant ! et chacun va venir puiser ce qu’il recherche véritablement dans l’utilisation de son VAE (autonomie, puissance, allonge, bruit du moteur, …)….. Une question toutefois, est ce que tous les moteurs sont paramétrés de la même manière peu importe la marque sur lequels on va les retrouver ? Par exemple ici le shimano sur BMC, mais aussi sur Scott, Lapierre, Canyon, etc…. Ou le fabricant peut selon un cahier des charges lui étant propre faire modifier le couple, la puissance selon les modes et donc s’approprier les caractéristiques techniques d’un moteur formaté à une utilisation visée par la marque ?

        1. J’entends les attentes en matière de compréhension des motorisations. Je partage l’idée que la motorisation soit un argument de choix prépondérant, peut être même le premier. Cependant, tu le relève toi-même : dans l’essai d’un vélo, deux véritables points sont à traiter vis-à-vis de la motorisation : la conception du vélo est-elle cohérente vis-à-vis du choix de motorisation ? et la motorisation est-elle conforme à ce que l’on en connait habituellement, ou dispose-t-elle d’adaptations spécifiques au vélo ? Pour le reste, c’est bien un sujet à part, à notre charge, qui doit traiter de ce que chaque motorisation propose. Sinon, on risque d’écrire et de lire un paquet de fois la même chose au fur et à mesure des essais 😉
          Pour répondre à tes questions, on mène l’enquête. Pour l’heure, et pour faire simple, Bosch et Shimano sont les systèmes les plus fermés. Shimano offre une possibilité d’ajustement “après-coup” avec son application E-Tube, accessible via Bluetooth et smartphone. Brose semble être la solution la plus ouverte. Specialized par exemple, concevant ses propres cartographies pour les Levo et Kenevo.

          1. Hello,

            Aujourd’hui l’appli e-tube me donne la possibilité de paramétrer chacun des modes (eco, trail, boost).
            Parfait.
            Un manque toutefois : impossibilité de modifier la circonférence de la roue. Ennuyeux quand on veut passer de 29 à 27.5 ou pneu route.

  4. bonjour ! je possède le Trailfox depuis quelque mois et je cherche encore à peaufiner les suspensions ! j’ai effectivement positionné le réglage rebond au milieux avec un sag de 25 à 28 ! je constate au retour de rando une utilisation à environ 80 pour cent du débattement ! Dans l’article vous dites de régler la compression en milieux … mais une fois le sag réglé il n’y a que le rebond molette bas de fourche ) à ajuster il me semble non ?

    1. Bonjour Patrick, normalement, au sommet de la fourche, côté droit, se trouve une molette bleue, sur laquelle est indiqué “Grip” et deux flèches “open” & “Firm” > Cette molette gère la compression, à positionner en milieu de plage. Ces précisions vous sont utiles ?

    1. À ajuster en fonction des sensations, mais le meilleur moyen d’être sûr est d’essayer, sans prendre de risques inconsidérés la première fois 😉

  5. Bonjour,

    Ayant fait l’acquisition de ce “pataud”, je rentre de virée à chaque fois avec le sourire. Il est vrai qu’il est peut être plus lourd à basse vitesse (quoique je n’ai pas de point de comparaison avec un autre vttae), il délivre une stabilité à toute épreuve à haute vitesse. On dirait presque une moto.. C’est un vrai régal !
    Bravo pour l’article qui capture bien (selon moi) le ressenti au guidon du BMC trailfox.

    1. Bonjour, et merci pour ce retour positif 😉 Pour compléter, on pourrait même préciser qu’à basse vitesse, il faut viser à garder les roues en rotation et à enrouler. C’est quand il faut le soulever, transférer les masses et/ou soulever/décaler les roues au sol que c’est plus compliqué 😉

  6. Bonjour ,
    je viens de réceptionner l’TRAILFOX AMP TWO après l’avoir testé , le compte rendu colle parfaitement à mon ressenti , avec l’avantage de comprendre et de maintenant pouvoir régler le petit problème d’affaissement excessif de la fourche , merci !!
    j’ai hésité avec le Motera mais après avoir pris en main le BMC , il n’y a pas photo pour mon poids et ma pratique je me suis senti de suite à mon aise sur le BMC contrairement au Canon un peu déroutant dans certaines situations en enduro lihgt.
    super CR
    Good ride

    1. Bonjour, heureux à mon tour de lire que les propos sont bien perçus et fidèle à la réalité 😉 L’exercice n’est jamais facile, ça fait plaisir de le voir apprécié.

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