Essai – Focus SAM2 Pro

Sur le papier, le Focus SAM2 a quelques arguments chocs. Un système de batterie intégrée + batterie additionnelle qui veut en faire tantôt un VTTAE discret, tantôt un monstre d’autonomie… Une cinématique présentée comme spécifiquement conçue pour la pratique à assistance électrique…

Soient deux arguments que la marque considèrent comme clés pour en faire une monture destinée à la pratique Enduro. Est-ce vérifié à l’usage ? En quoi le Focus SAM2 se distingue-t-il ?  Qu’en penser ?! Réponse à travers cet essai complet VTTAE.fr.

 


Temps de lecture estimé : 8 minutes


 

Au sommaire de cet article :

 

 

[divider]Focus SAM2 Pro[/divider]

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  • Destiné à l’usage Enduro
  • Roues en 27,5 pouces
  • 170/180mm, Fox DPS + 36 Factory
  • Triangle avant & arrière Alu
  • Reach de 455mm en taille L, offset normal
  • Motorisation Shimano Steps 8000, 2x378Wh
  • 20km & 800m D+ en Trail / i3 perso, sur 378Wh. 

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[column size=one_half position=last ]

  • Race Face Turbine 30mm
  • Maxxis 27,5×2.5 WT Minion DHF 3C EXO
  • SRAM Code RSC en 200/180mm
  • 3 modèles, 3 tailles, 4799€ à 7899€
  • 21,3kg, taille L + 1,7kg batterie externe
  • Dispo immédiate 
  • Fiche du vélo sur www.focus-bikes.com

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Première impression…

[dropcap size=big]À[/dropcap] première vue, le Focus SAM2 peut paraitre léger : à le sous-peser, sorti du carton, et visuellement, dans ses lignes, dans les deux cas sans la batterie externe. 21,3kg dans cette configuration. Volontairement présenté sans batterie additionnelle sur bon nombre des supports de communication de la marque, le Focus SAM2 joue la carte du VTTAE qui veut se rapprocher du VTT classique.

À l’usage pourtant, le Focus SAM2 présente un caractère plus nuancé. Si en courbe, sa maniabilité répond à l’idée de légèreté relevée jusqu’ici, c’est moins le cas en verticale, pour faire décoller le vélo ou alléger la pression des roues au sol. Il parait plus pataud. Comme s’il fallait dérouler une bonne partie du débattement avant de décoller la roue du sol. 

La suspension arrière parait surtout être très, très confortable, avec une sensibilité de début de course qui impressionne. Quelles que soient les conditions, la roue arrière du Focus SAM2 me parait dessiner le terrain et tout avaler… Comme si le vélo était équipé de pneus +, alors que ce n’est pas le cas ! Dans mon esprit, je fais le parallèle avec ce monstre américain…

 

 

D’où ça vient ?!

Après plusieurs investigations, je prête la raison de ce comportement à la cinématique particulière du Focus SAM2, dont il faut cerner certains détails clés…

Cet ensemble de biellette/basculeur vise à créer une courbe de ratio particulière : dégressive sur le premier tiers du débattement, progressive ensuite. Et donc, un point d’inflexion autour du SAG. Une position dans laquelle la suspension du Focus SAM2 vient naturellement se positionner à l’usage.

 

 

Comment ça se règle ?

C’est notamment confirmé par les différentes tentatives de réglage du vélo. Quel que soit le SAG, de 20 à 40%, l’impression est très globalement la même. Le comportement du vélo y est très peu sensible. Il reste, quoi qu’il arrive, très sensible en début de course, offre la même assiette, et demande à détendre la suspension arrière pour décoller la roue du sol.

C’est la raison pour laquelle, globalement, je préconise deux choses pour régler le Focus SAM2. En premier lieu, favoriser des détentes plutôt rapides pour ne pas plomber le vélo. Puis s’appliquer à trouver le bon SAG – autour de 30% – à même d’accorder la suspension avant à l’arrière. C’est d’ailleurs assez pointu, tant la suspension arrière dénote.

RéglagesAvantArrière
SAG30%30%
DétentesMilieu de plage à 2/3 ouvertesmilieu de plage à 2/3 ouvertes
Compressionsouverteouverte
Tokens/calesd'origined'origine
MotorisationMode Trail d'origineMode Boost d'origine

* Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon.

 

 

Comment ça se pilote ?

Globalement, le Focus SAM2 se pilote donc roues au sol, à l’enroulé. J’entends par là que bien qu’actif pour pumper et suivre les mouvements de terrain, il y a de grandes chances que le Focus SAM2 garde une roue au sol dans la manœuvre et aille au contact des obstacles dont il ne fait qu’une bouchée…

[toggler title=”À la pédale”]

La suspension arrière du Focus SAM2 a effectivement un intérêt indéniable dans cette pratique à assistance électrique. À la montée, au pédalage, la motricité est démoniaque. Quasi improbable de la prendre en défaut !

Surtout, ce travail s’effectue dans un confort de premier ordre. Même sur terrain truffé de racines ou de pierres, il suffit de rester assis, tirer légèrement sur l’avant pour aider à passer la roue. L’arrière encaisse et isole le pilote sans autre forme de procès.

D’autant que malgré les manivelles longues – 170mm – le boitier reste suffisamment haut pour ne jamais rien heurter au sol, et continuer à pédaler même sur sol défoncé. Une arme pour franchir en force, indéniablement.

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[toggler title=”En courbe”]

Au boitier de pédalier, la suspension et le poids du vélo créent des mouvements importants, au point de masquer la perception de l’instant où l’on marque réellement l’appui au sol. La suspension demande aussi à être fortement détendue avant d’alléger le poids de la roue arrière au sol pour la faire déraper ou plus encore, la soulever pour la décaler de quelques centimètres.

Dans ces circonstances, le Focus SAM2 se pilote donc rond. Il demande à garder la roue arrière au sol, de penser sans cesse à sa trajectoire, parfois différente de celle de la roue avant quand la courbe est très prononcée. Dans ce cas, c’est plutôt la compacité de l’avant du vélo qui fait qu’on tourne autour du boiter, sans nécessairement pencher le vélo sur l’angle.

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[toggler title=”Sur l’élan ?!”]

Le reste du temps, c’est en tirant parti du terrain que l’on peut mettre le Focus SAM2 en mouvement. Profiter des aspérités du sol pour composer des appels et des réceptions. Ou bien, à minima, s’imaginer des mouvements de terrain pour pumper et tirer des sensations grisantes.

D’autant qu’avec le débattement disponible, le Focus SAM2 encaisse et avale la plupart des éléments qui peuvent parfois être des obstacles. Ici, une racine ou une pierre ancrée dans le sol n’est pas nécessairement un obstacle, mais un allier de circonstance. 

Le Focus SAM2 sait en faire son affaire si ça permet d’arrondir une trajectoire, prendre appel ou profiter d’un mouvement de terrain un peu défoncé mais qui, au global, peut s’avérer intéressant pour générer de la vitesse.

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Quid des deux batteries ?!

En mouvement, le comportement du Focus SAM2 n’est pas fondamentalement différent avec ou sans la batterie additionnelle. Raison pour laquelle je ne préconise pas de réglages de suspension différents avec ou sans.

À l’usage, par contre, le dispositif demande certaines précautions. L’électronique du vélo ne sait pas basculer d’une batterie à l’autre. À la recharge, il faut donc, manuellement, charger l’interne – en branchant directement le vélo – et/ou/puis l’externe. Il n’existe pas, encore, de câble capable de recharger les deux en même temps, ou à la suite, sans intervention.

À l’usage également, la bascule doit s’effectuer manuellement. En l’absence de batterie additionnelle, le vélo démarre sur la batterie interne. Arrivé au bout de cette dernière, et même si la batterie externe est raccordée, il ne bascule pas automatiquement. Il faut éteindre le vélo, puis le rallumer via la commande de la batterie externe pour que le système bascule dessus.

 

 

Pour qui ? Pour quoi ?!

Le Focus SAM2 se destine donc aux pilotes qui apprécient avant tout le confort Pullman et en font un paramètre prépondérant dans leur pratique. De ceux qui apprécient l’idée de franchir sans trop se poser de question, qui comptent sur leur monture pour faire une bonne part du travail et leur offrir un cocon toujours appréciable quelles que soient les conditions.

Un intérêt à la longue, en cohérence avec l’idée de faire usage de la forte autonomie des deux batteries additionnées. Pour aller loin et longtemps. Seule limite à ce tableau, le bagage technique dont il faut faire preuve quand le terrain, exigeant techniquement, n’offre pas d’autres solutions que de trialiser un peu pour passer sans poser pied à terre.

Des circonstances que l’on retrouve aussi bien en All Mountain/ Enduro que lors de trips itinérants et/ou en montagne. Raison pour laquelle, au positionnement à retrouver en fin d’article, le Focus SAM2 n’excelle pas dans un domaine, mais se montre plutôt polyvalent, passe-partout, jusqu’à un certain point.

 

 

Vis-à-vis de la concurrence ?

C’est le jeu, et la valeur de nos essais où l’on a l’occasion de rouler différents vélos du marché : le caractère d’une monture se révèle souvent par comparaison aux sensations ressenties au guidon de modèles concurrents…

  • Vis-à-vis du BMC Trailfox, le Focus SAM2 se distingue ainsi clairement par le comportement de sa suspension arrière. Autant le suisse me paraissait exceller dans l’exercice du placement de la roue arrière, autant le Focus SAM2 en est au strict opposé.
  • Vis-à-vis des Moustache Samedi 27 Trail & Race, on sent aussi clairement l’influence du point de pivot fixe par rapport au point de pivot virtuel, projeté loin vers l’avant. Le Focus SAM2 plie plus au niveau du boitier, couchant par moment l’angle de direction. On perçoit également qu’il utilise plus de débattement et avale littéralement les obstacles là où les Moustache offrent un rendu plus dynamique et sportif.
  • Vis-à-vis du HaIbike AllMtn 9.0, le Focus SAM2 est clairement plus capable, du moins n’interroge pas sur ses réelles capacités entre All Mountain, Enduro et vélo de montagne.  Sa prestation est bien plus homogène et surtout, toujours déterminée par le même, fort, trait de caractère insufflé par sa suspension arrière.

 

 

En conclusion…

À l’heure de conclure, le Focus SAM2 se prête au jeu de l’éternelle question : Quelle impression me laisse-t-il au moment de m’en séparer ? Pourquoi voudrais-je le garder ?! 

“Le Focus SAM2 me laisse une impression de confort indéniable. De ces montures qui prennent à leur compte une grande, grande partie du travail pour placer le pilote dans un cocon. Tout l’enjeu est d’en saisir les limites, pour y rester, tranquille et en tirer pleinement avantage!”

 

 

Positionnement & usage

En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraîchir la page si le tableau ne s’affiche pas)


Comparer à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > que vaut-il par rapport à d’autres ?! Rendez-vous prochainement sur la page du Comparateur d’essais VTTAE.fr pour en savoir plus…

Rédacteur
  1. Bonjour,

    Que vaut-il par rapport au Canyon ? Car si je ne me trompe, c’est un ingénieur de chez focus qui a participé au développement du Canyon.

    1. @Philail, pas certain de bien comprendre le commentaire > le Canyon Spectral:ON et le Focus SAM2 auraient des comportements très proches ? Je n’ai pas confirmation de cette information concernant les ingénieurs impliqués dans la conception de ces deux vélos. Mais en matière de conception, aussi bien côté cinématique de suspension que géométrie, il y a certaines différences importantes qui influencent le comportement de chacun.

  2. J’ai voulu dire qu’entre Levo/Lapierre AM/Canyon On, c’est ce dernier qui me change le moins de ma monture habituelle (BMC Trailfox).

  3. La batterie additionnelle positionnée plutôt en haut du tube diagonale n’ajoute t’elle pas du poids sur l’avant et ne modifie t’elle pas l’équilibre du vélo ?
    Le système paraît assez mal conçu techniquement et le positionnement pas très judicieux en terme de répartition du poids !

    1. Au cours de chaque essai, nous précédons notamment à une séance de réglage des suspensions au cours de laquelle nous essayons différentes configuration pour saisir les spécificités du vélo. À cette occasion, j’ai essayé, à quelques minutes d’interval et dans les mêmes conditions, avec et sans batterie externe. Dans les mêmes conditions, il m’est déjà arrivé de préconiser différents réglages de suspension (2 à 3 clics d’écarts) en cas de changement de géométrie quand un vélo le permet. Ici, la différence n’est pas flagrante, au point que je conserve les mêmes réglages. Visiblement, les 6% de poids supplémentaire et leur répartition différente ne prennent pas le pas sur les 21,5kg et la cinématique particulière du vélo ce qui, dans ce cas précis, est une bonne chose 😉

    1. Bonjour,

      le tableau d’introduction indique 20km/800m de D+ sur une batterie, soit 40km/1600m de D+ sur les deux. Ces données sont basées sur la moyenne des roulages effectués à son guidon lors de l’essai. Si l’on compare à ceux indiqués pour le Specialized Levo (batterie 500 Wh) ou le Rocky Mountain Powerplay (Batterie de 700 Wh), on se rend compte que c’est dans la moyenne, mais pas plus exceptionnel que ça en matière d’autonomie. Raison pour laquelle, finalement, c’est plutôt une autre conséquence de son dispositif à deux batteries qui me semble avantageux : le fait de pouvori rouler avec “seulement” la petite batterie intégrée, pour de petites sorties, avec un vélo d’à peine 21kg (voir mieux si optimisé) sans avoir à trimbaler les presque 2 kilo de batterie externe supplémentaires.

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