Essai – Santa Cruz Heckler, bonne première !

On l’a dit au moment de sa présentation : le Santa Cruz Heckler marque un tournant dans l’histoire de la marque californienne. C’est le premier Santa à assistance électrique ! Celui qui fait sortir la marque du carcan conservateur dans lequel on pouvait la trouver coincée…

Reste à voir ce que ça donne à l’usage ! Les VTT classiques de la marque ont leur caractère, et à vrai dire, l’adapter tel quel au VTTAE n’était pas gagné sur le papier. C’est pourtant réussi, et de belle manière. Bref, le Santa Cruz Heckler est une bonne première, voilà pourquoi… 

 


Temps de lecture estimé : 8 minutes


 

Au sommaire de cet article :

 

 

[divider]Santa Cruz Heckler X01 RSV[/divider]

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  • Destiné à l’usage All Mountain / Enduro
  • Roues en 27,5 pouces 
  • 160/150mm, Fox 36 E-Perf. Elite + RS SDeluxe UTL
  • Triangle avant & arrière carbone
  • Reach de 465mm en taille L, offset normal
  • Motorisation Shimano Steps 8000, 500Wh
  • 50km & 1600m D+ env. Eco/Trail / i3 perso

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[column size=one_half position=last ]

  • Santa Cruz Reserve DH, 30mm
  • Maxxis 27,5×2.6 Minion DHR II, Exo+ 2.6
  • Sram Code RSC en 200/200mm
  • 4 modèles, 5 tailles, 7499€ à 13399€
  • 21,240kg, L, sans pédales, pneus tubeless
  • Dispo immédiate 
  • Fiche du vélo sur www.santacruzbicycles.com

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Première impression…

[dropcap size=big]P[/dropcap]our saisir, il faut commencer par rappeler les grandes lignes du caractère commun aux Santa Cruz traditionnels. En premier lieu, une impression de rigidité/raideur/précision importante, apportée par les cadres, roues et cintres en carbone de la marque. Dans un second temps, un vélo qui s’assoit en courbe, demandant d’être placé avant d’entrer dans le virage pour en tirer la quintessence. Et pour conclure, une suspension qui fait l’effet d’un tapis volant, comme flotter au dessus du chaos… Sauf à la pédale, quand il faut franchir, où ça fige et demande de s’activer pour enrouler le terrain.

À VTT traditionnel, ce profil a ses adeptes, et fait fureur. Mais avec une assistance électrique, il soulève plusieurs questions. Le rendu serait-il aussi raide avec les kilos supplémentaires de l’assistance ? La suspension ne va-t-elle pas perdre en maintien ?! Comment alors, faire tourner le vélo ?!! Et quid du franchissement, cher à la pratique VTTAE ?!!! Ça pourrait mal tourner. Pourtant, les premiers tours de roue suffisent à rassurer. Le Santa Cruz Heckler est ce qu’il faut de tolérant. Il franchit en laissant son pilote assis sur la selle. Quand ça tournicote, il change de bord sans sourciller. Il tourne sur le coup de rein, et soulever la roue arrière est d’une facilité presque déconcertante pour un VTTAE.

 

 

D’où ça vient ?

Si j’ose ces affirmations, c’est que l’étude approfondie de la conception du Santa Cruz Heckler me conforte dans mes impressions. Tout laisse d’abord penser qu’en matière de carbone, la marque soit partie sur les mêmes bases que les autres VTT de sa gamme. D’ailleurs, les roues et le cintres sont bien identiques. Ici, les kilos d’assistance supplémentaires aident à faire davantage travailler l’ensemble.

Ensuite, tout est une question de suspension, et de cinématique. Sur les Santa traditionnels, on prête les bonnes aptitudes au pédalage à un mix particulier. La suspension reste assez raide à l’impact, mais la tension de la chaîne influe peu. La vitesse et le poids supplémentaire de l’assistance semblent parfaits pour faire fonctionner l’ensemble et franchir.

Ce qui doit permettre, sans difficulté, d’ajouter ce qu’il faut de maintien sans pour autant donner la sensation d’avoir un bout de bois totalement verrouillé. Ajouté à ça un moteur très bas placé, et une batterie compacte qui ne monte pas très haut dans le tube oblique, et on saisit les aptitudes du vélo. Personnellement, j’apprécie ce résultat, mieux  encore que les vélos traditionnels de la marque… Bref, c’est du tout bon !

 

 

Comment ça se règle ?!

Seule légère ombre au tableau, un stack un peu faible, qui place le cintre un peu bas à l’origine. Au tableau des géométries, il est annoncé à 620mm, là où la concurrence est à 625 voir 630mm. Ça n’est pas rédhibitoire, mais ça peut expliquer l’envie de remonter la potence avec 5 à 10mm d’entretoise en dessous.

Au moment de régler le vélo, ça peut aussi justifier une détente de fourche légèrement plus rapide, un SAG un peu moins important, ou un tout petit peu de compression. Pour le reste, le Santa Cruz Heckler reste un Santa, à savoir un vélo facile à régler, peu exigeant en matière de précision à ce sujet.

RéglagesAvantArrière
SAG28%30%
Détente2/3 ouverteMi-plage à 2/3 ouverte
CompressionsOuverte ou 1 à 2 clicsOuverte
Tokens/calesd'origined'origine
MotorisationToutes configurations possiblesÉco pour aller loin / Trail& Boost pour se défouler

Clics de détente et compression comptés depuis la position la plus vissée des molettes. SAG arrière réalisé assis/selle haute – SAG avant réalisé debout/bras en appui sur le cintre / épaule à l’aplomb du guidon > vidéo Didactique VTTAE 😉

 

 

Comment ça se pilote ?!

Avec le Santa Cruz Heckler, une fois batterie pleine, on est donc vite dans le vif du sujet. À vrai dire, il suffit même de passer le petit temps d’échauffement du pilote, pour vite être grisé. Pourquoi ?! Pour deux traits de caractère dont c’est vite un plaisir de tirer parti…

 

[toggler title=”Changement de bord” ]

En premier lieu, l’aptitude du Santa Cruz Heckler à changer de bord, c’est à dire d’être sur l’angle pour tourner d’un côté, puis dans l’instant suivant d’être relevé, pour basculer dans la direction opposée. Avec ce vélo, ça se fait avec une facilité déconcertante et de très bon niveau, quand on sait qu’il y a une assistance, et son poids, impliqués dans la manœuvre.

Avec l’angle de direction qui projette la roue avant assez loin devant malgré un cintre un peu bas, c’est alors un régal de mettre de l’angle, charger la roue avant, faire virer le vélo, le redresser, et le jeter dans l’appui suivant. À ce petit jeu, les sentiers les plus étriqués, qui tournicotent entre les arbres, deviennent un vrai régal, quelle que soit le sens de la pente.

 

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[toggler title=”Glisse et décalage” ]

D’autant que si l’on se prend au jeu, et que l’engouement pousse à engager plus que de raison, une autre manoeuvre peut venir compléter. Sur le Santa Cruz Heckler, il suffit de peu pour décoller la roue arrière du sol. Ici aussi, quelque chose de très bon ton quand on sait que le poids de l’assistance n’aide habituellement pas.

Il est donc facile d’alléger la roue arrière pour la faire déraper, ou mieux encore, la soulever pour la décaler. Glisse, appel/contre-appel, pivot roue avant, sauts, bunny-up. La panoplie des gestes qui tirent profit d’une roue arrière facile à manœuvrer est belle au guidon du Santa Cruz Heckler.

 

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[toggler title=”À quel rythme ?!” ]

Le piège avec tout ça, c’est surtout de s’emballer, se laisser prendre au jeu. Les plus perspicaces l’auront compris, c’est en mode Trail ou Boost de l’assistance Shimano que l’on exploite pleinement ce tempérament du Santa Cruz Heckler… Sauf qu’on l’a dit dans notre comparatif des moteurs, il n’est pas le plus vif et dynamique en la matière. On en vient donc parfois à le bousculer, le harceler, et dans ce cas, les barrettes d’autonomies tombent rapidement.

Les mauvaises langues diront qu’on était prévenu avec une batterie de 500Wh. Mais à ce rythme, ce ne sont pas 125Wh supplémentaires qui feraient une réelle différence. C’est bien le paramétrage du moteur et la gestion de son allure qui permettent d’en faire plus avec le Santa Cruz Heckler. Près de 1600m de D+/- avec les 500Wh, en alternant Eco et un mode Trail configuré un peu punchy. 

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Pour qui ? Pour Quoi faire ?!

Dans ce contexte, je vois le Santa Cruz Heckler pour deux usages, emblématiques de la pratique VTTAE. En premier lieu, ces sorties lunch ride ou after work où l’idée est avant tout de se défouler en un minimum de temps. Bim ! Direction le premier spot venu, et c’est parti pour une spéciale géante d’une heure, sans couper ! Et plus ce sera technique, plus ce sera bon !

Secondo, la sortie du week-end, en mode exploration, pour aller plus loin que d’habitude, et s’évader. C’est que même avec 500Wh, à rythme constant et mesuré, le Shimano est capable d’être très économe, et d’aller loin. Et dans ce cas, à nous les contrées reculées où il n’y a plus personne, ou presque. Et en route, tant mieux s’il faut mettre le dynamisme du vélo à l’oeuvre pour s’amuser du chemin quand il descend.

 

 

Vis-à-vis de la concurrence ?!

Dans ce contexte, il est assez facile d’évoquer la concurrence. Il s’agit de la toute bonne, que l’on a déjà identifié jusqu’ici pour leur capacité à être plus dynamique que la moyenne…

[toggler title=”Vis-à-vis du Specialized Turbo Levo” ]

En premier lieu, proximité oblige, on pense au Specialized Turbo Levo. D’autant que l’ingénieur qui a travaillé sur le Santa Cruz Heckler travaillait avant sur le concurrent direct ! Attention, je ne dis pas là que les deux vélos sont identiques ou se résument au même, mais rouler le second m’a rappeler le premier. Nul doute que les cahier des charges et certains critères d’appréciation aient été proches…

À l’usage, ils sont donc concurrentiels sur leurs encombrements, aptitudes à changer de bord, et caractères faciles à tourner. Ils se distinguent néanmoins par leurs suspensions arrières. Celle du Santa Cruz Heckler est à la fois plus consistante et plus dynamique. Il est donc un poil plus facile à soulever et manœuvrer de l’arrière.

 

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[toggler title=”Vis-à-vis du Thok Mig R” ]

Autre très bon qui vient à l’esprit au moment de mesurer le Santa Cruz Heckler à la concurrence, le Thok Mig R et sa très bonne manœuvrabilité, si ce n’est la meilleure sur le marché. Les deux sont clairement dans le même créneau quand il s’agit de tricoter. L’américain a une facilité à décoller de l’arrière que l’italien pourrait lui envier, si une fois en l’air, il ne conservait pas son leadership en matière de facilité à être manipuler.

C’est sur la finition que l’on peut simplement reprocher au Thok première génération de ne pas être à la hauteur. Celle, toujours très bonne même si elle n’est pas indestructible, du Santa Cruz Heckler, place la barre haute de ce point de vue. Quand on dépense de telles sommes, c’est un impératif de premier ordre.

 

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[toggler title=”Vis-à-vis du Moustache Samedi 27 Trail” ]

En parlant de barre haute, évoquons le Moustache Trail pour terminer de confronter le Santa Cruz Heckler. Notamment pour relativiser et préciser ce que la suspension arrière de l’américain est capable de faire, et ce pourquoi elle peut encore progresser.

Le maintien, le confort et le dynamisme sont bons. il n’empêche que lorsque l’on compare à ce dont le Moustache Samedi 27 Trail est capable en matière d’amortissement et de tenue d’assiette, il peut encore y avoir un peu de progrès. Ce serait d’ailleurs de quoi faire du Santa Cruz heckler un must absolu !

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Conclusion

Quoi qu’il en soit, voilà suffisamment d’éléments pour conclure au sujet du Santa Cruz Heckler. À la question pourquoi voudrais-je le garder ? La réponse est toute trouvée…

“Pour différentes raisons, le Santa Cruz Heckler réussit l’entrée de la marque dans le milieu du VTT à assistance électrique. Coup d’essai, coup de maître ou presque ! Du moins, une très bonne première, à la hauteur de la réputation de la marque. Pas nécessairement le meilleur vélo du marché, mais dans le trio ou quinté de tête, en fonction des points de vue. Dans tous les cas, peut-être mon préféré des VTT Santa Cruz, un très bon début !”

 

 

Positionnement & usage

En synthèse, le tableau de positionnement et d’usages permet, en un seul coup d’oeil, de saisir les capacités du vélo. (rafraîchir la page si le tableau ne s’affiche pas)

Comparer à celles des autres vélos à l’essai permettra de répondre à l’éternelle question > que vaut-il par rapport à d’autres ?! Rendez-vous prochainement sur la page du Comparateur d’essais VTTAE.fr pour en savoir plus…

Rédacteur
  1. Bonjour, merci pour ces toujours excellents articles,
    Vis à vis de la concurrence, comment le placer par rapport à un BH Atomx 29, qui me semble encore plus “agile” que le Levo ?

    1. Bonjour, et merci. Nous n’avons pas encore eu l’opportunité de rouler le Atom-X. Je ne peux donc pas répondre. C’est dans les projets, on y reviendra donc 😉 Au plaisir.

  2. Beau bike mais déjà presque
    obseléte avec l arrivé du nouveau moteur Shimano !Je Comprends pas trop la stratégie du coup !🤔

    1. La demande, depuis très longtemps exprimée auprès de la marque. Ce vélo est sorti en mars. Le prochain moteur concernera le millésime suivant. Ça aurait fait une saison de plus à faire attendre. Il n’est pas impossible que de prochains Heckler se mettent au gout du jour du moteur lorsqu’il sera là. En attendant, le Shimano, même s’il souffre de la comparaison (à tort ou à raison) reste un bon moteur. Pour ceux qui n’en font pas leur priorité, pourquoi s’en priver ?

    1. On essaie le limiter à 3 le nombre de concurrent, sinon c’est sans fin… Mais effectivement, le Tazer est le 4eme mousquetaire et il y a très certainement un rapprochement à faire. Comme c’est celui du trio que je n’ai pas roulé, c’est celui qui est resté de côté 😉

  3. Quand on parle de bons vae, je pense plutôt aux Rocky power play ou au glp2 et donc une comparaison avec ces bikes serait plus appropriée. Alors il vaut quoi se Santa par rapport à ces bikes ? 👀🧐😋 Merci 😊

    1. Dans l’absolu, c’est sans fin. On pourrait comparer à l’ensemble des vélos du marché. On limite à ceux qui s’en approchent le plus, où qui permettent de mettre le doigt sur ce qui parait le plus pertinent. N’oublions pas qu’à travers les essais, on dresse le portrait du vélo concerné, on ne fait pas un match qui n’a pas eu lieu. D’autant que faire un match pour élire le “meilleur” c’est pas du tout le style de la maison 😉
      Oui, le Power play et le GLP2 font aussi parti des tous bons. J’ai roulé le premier (l’essai est toujours en ligne) mais le Heckler se rapproche plus des Thok et Specialized. Ces trois sont proches dans l’esprit, là où le Rocky se distingue plus dans la dimensions verticale : autant par ses bases courtes et sa bonne propension à cabrer/sauter/pumper, que dans le nécessaire ajustement de sa suspension arrière. Le Moustache, lui, permettait de relativiser mes propos quant aux progrès de la suspension arrière : oui c’est mieux, non c’est pas encore au top de ce qui peut/doit se faire.

  4. Bonjour, je soutiens la rédaction de cet essai. Soyons admiratifs de l’analyse effectuée et présentée gracieusement. Elle nous permet de nous faire un très bon avis. Merci à Antoine H-M.

    1. De par le positionnement évoqué par la marque, et de par les impressions sur le terrain, ça reste bien un all Mountain, concurrent du modèle qui s’y consacre chez Moustache, le Samedi 27 Trail. Le Game est plus tourné vers l’enduro.

  5. Bonjour,

    Merci, mais par la faute de cet excellent article, je vais avoir le regard tout ébouriffé pendant plus que la durée du week-end 😉
    Dommage qu’il n’y ait pas une petite vidéo pour aller avec ou illustrer (en complément, par pour faire ‘doublon’ avec l’article).
    Quoi qu’il en soit : ça fait envie, de telles machines !

  6. Merci pour ce comparatif instructif, j’ai essayé le santa et ce qui m’a séduit c’est la facilité, maniabilité, j’étais de suite mieux que sur mon VTTAE actuel.

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